BOLTANSKI, CHRISTIAN
1944 - 2021
1944 - 2021
Christian Boltanski est un artiste français né à Paris en 1944.
Peu scolarisé, il quitte l'école à l'âge de 14 ans et commence à peindre sans avoir reçu aucune formation artistique. Il abandonne vite cette technique pour se consacrer à l'écriture, la sculpture, la photographie, le cinéma puis l'installation. Il se considère pourtant encore comme un peintre ayant une conception classique de l'art. Il explique qu'il cherche avant tout à provoquer des émotions chez le spectateur.
Marqué par la seconde guerre mondiale, il intègre à son œuvre des éléments issus de son univers personnel. Sa propre biographie, réelle ou imaginaire, devient le thème principal de son œuvre dès les premières années. Par la suite ses œuvres reprennent essentiellement des thématiques telles que la mort, la mémoire, le hasard, le souvenir, l'absence.
Peu scolarisé, il quitte l'école à l'âge de 14 ans et commence à peindre sans avoir reçu aucune formation artistique. Il abandonne vite cette technique pour se consacrer à l'écriture, la sculpture, la photographie, le cinéma puis l'installation. Il se considère pourtant encore comme un peintre ayant une conception classique de l'art. Il explique qu'il cherche avant tout à provoquer des émotions chez le spectateur.
Marqué par la seconde guerre mondiale, il intègre à son œuvre des éléments issus de son univers personnel. Sa propre biographie, réelle ou imaginaire, devient le thème principal de son œuvre dès les premières années. Par la suite ses œuvres reprennent essentiellement des thématiques telles que la mort, la mémoire, le hasard, le souvenir, l'absence.
Mots clés : installation, mémoire, absence, hasard, autobiographie, autofiction.
La famille Boltanski, une histoire extraordinaire :
Les parents :
Le père de Christian, Étienne, est né en 1896 de parents russes et juifs qui ont émigré en France. Il veut s'intégrer : il fait de brillantes études et devient médecin puis chef de service à l'hôpital et professeur au collège de médecine de Paris. En 1927 il se convertit au catholicisme.
La mère, Marie-Elise (née vers 1910), est la petite dernière d'une grande fratrie dans une famille catholique bretonne. Elle sera confiée à une riche marraine qui est veuve, n'a pas d'enfants et désire une héritière. Elle est rebaptisée Myriam et grandit loin de sa famille. Après la mort de sa tutrice, elle débute des études de médecine. Étienne est son professeur. Ils tombent amoureux et se marient en 1929. Ils ont 3 enfants : Jean-Elie en 1935 (linguiste), Luc en 1940 (sociologue), Christian le 6 septembre 1944. Ils adopteront une fille, Anne. Peu après la naissance de Jean-Elie, Myriam attrape la poliomyélite qui la laissera handicapée, ses jambes ne la portent plus. Elle ne peut marcher qu'avec des appuis mais refusera toute sa vie d'utiliser des cannes, préférant adapter sa maison à ses besoins ou s'aider de ses proches.
Étienne a un caractère doux, rêveur et timide. Médecin militaire pendant la première guerre mondiale, il a vécu dans les tranchées et été traumatisé par la violence des combats, le sang et la chair à vif. Il donne quelques consultations et dès qu'un de ses patients a une maladie grave il l'oriente vers un autre médecin. Myriam est une femme avec un fort caractère qui ne veut pas vieillir, ni grossir, ni être vue et traitée comme une handicapée. La mort, la vieillesse et la maladie sont des sujets tabous chez les Boltanski. Autoritaire, la mère protège sa tribu en créant un cocon dont il est difficile de s'extraire. Communiste militante et écrivain, elle accueille chez elle des poètes, des artistes et des militants.
La guerre :
Pendant l'occupation, et même s'il s'est converti, Étienne est obligé de porter l'étoile jaune. Il perd son poste à la faculté de médecine puis à l'hôpital. Myriam sent le danger et imagine un plan pour protéger son époux. Un ami architecte imagine une cache sous les escaliers de la maison. Myriam la fera aménager puis simule une violente dispute avec son mari en faisant en sorte que les voisins l'entendent et soient témoins du départ d’Étienne de la maison. Celui-ci revient discrètement pendant la nuit. Myriam demande le divorce pour compléter le scénario. Étienne vit alors caché dans sa propre maison. A la moindre alerte il bondit dans la petite cache aménagée dans l'entre-sol. Il y reste des heures parfois, sans pouvoir bouger. Il rejoint son épouse la nuit. C'est comme ça que sera conçu Christian. Seul Jean-Elie est au courant, Luc est trop petit. Durant 20 mois Étienne restera dans sa cachette. Il n'en sortira qu'à la fin de la guerre. Étienne et Myriam se remarient en 1946.
L'enfance de Christian :
La personnalité des parents de Christian et l'expérience de la famille pendant la guerre vont profondément marquer le fonctionnement des Boltanski. En réaction à ce qu'elle a vécu dans son enfance, Myriam retire ses enfants de l'école (Christian n'ira que jusqu'à l'âge de 14 ans, et pas de manière régulière), leur faisant classe elle-même ou avec l'aide de professeurs de passage. Les Boltanski dorment tous dans la même pièce, dans des sacs de couchage autour du lit de la mère. Ils sortent et se déplacent tous ensemble entassés dans la même voiture. C'est également là qu'ils dorment lorsqu'ils partent en voyage. Ils se lavent et mangent très peu, quand ils le veulent. Les amis qui viennent à la maison ont pour habitude d'apporter leur nourriture tellement le réfrigérateur est vide ! Christian joue beaucoup avec son neveu Christophe (fils de Charles-Elie) qui a fait le choix de venir vivre avec ses grands-parents et ses oncle et tante. Il ne sortira seul pour la première fois qu'à l'âge de 20 ans ! Marqués par la peur, les Boltanski ont fait le choix de faire front tous ensemble, de s'unir pour faire face à tous les dangers de l’existence.
Les parents :
Le père de Christian, Étienne, est né en 1896 de parents russes et juifs qui ont émigré en France. Il veut s'intégrer : il fait de brillantes études et devient médecin puis chef de service à l'hôpital et professeur au collège de médecine de Paris. En 1927 il se convertit au catholicisme.
La mère, Marie-Elise (née vers 1910), est la petite dernière d'une grande fratrie dans une famille catholique bretonne. Elle sera confiée à une riche marraine qui est veuve, n'a pas d'enfants et désire une héritière. Elle est rebaptisée Myriam et grandit loin de sa famille. Après la mort de sa tutrice, elle débute des études de médecine. Étienne est son professeur. Ils tombent amoureux et se marient en 1929. Ils ont 3 enfants : Jean-Elie en 1935 (linguiste), Luc en 1940 (sociologue), Christian le 6 septembre 1944. Ils adopteront une fille, Anne. Peu après la naissance de Jean-Elie, Myriam attrape la poliomyélite qui la laissera handicapée, ses jambes ne la portent plus. Elle ne peut marcher qu'avec des appuis mais refusera toute sa vie d'utiliser des cannes, préférant adapter sa maison à ses besoins ou s'aider de ses proches.
Étienne a un caractère doux, rêveur et timide. Médecin militaire pendant la première guerre mondiale, il a vécu dans les tranchées et été traumatisé par la violence des combats, le sang et la chair à vif. Il donne quelques consultations et dès qu'un de ses patients a une maladie grave il l'oriente vers un autre médecin. Myriam est une femme avec un fort caractère qui ne veut pas vieillir, ni grossir, ni être vue et traitée comme une handicapée. La mort, la vieillesse et la maladie sont des sujets tabous chez les Boltanski. Autoritaire, la mère protège sa tribu en créant un cocon dont il est difficile de s'extraire. Communiste militante et écrivain, elle accueille chez elle des poètes, des artistes et des militants.
La guerre :
Pendant l'occupation, et même s'il s'est converti, Étienne est obligé de porter l'étoile jaune. Il perd son poste à la faculté de médecine puis à l'hôpital. Myriam sent le danger et imagine un plan pour protéger son époux. Un ami architecte imagine une cache sous les escaliers de la maison. Myriam la fera aménager puis simule une violente dispute avec son mari en faisant en sorte que les voisins l'entendent et soient témoins du départ d’Étienne de la maison. Celui-ci revient discrètement pendant la nuit. Myriam demande le divorce pour compléter le scénario. Étienne vit alors caché dans sa propre maison. A la moindre alerte il bondit dans la petite cache aménagée dans l'entre-sol. Il y reste des heures parfois, sans pouvoir bouger. Il rejoint son épouse la nuit. C'est comme ça que sera conçu Christian. Seul Jean-Elie est au courant, Luc est trop petit. Durant 20 mois Étienne restera dans sa cachette. Il n'en sortira qu'à la fin de la guerre. Étienne et Myriam se remarient en 1946.
L'enfance de Christian :
La personnalité des parents de Christian et l'expérience de la famille pendant la guerre vont profondément marquer le fonctionnement des Boltanski. En réaction à ce qu'elle a vécu dans son enfance, Myriam retire ses enfants de l'école (Christian n'ira que jusqu'à l'âge de 14 ans, et pas de manière régulière), leur faisant classe elle-même ou avec l'aide de professeurs de passage. Les Boltanski dorment tous dans la même pièce, dans des sacs de couchage autour du lit de la mère. Ils sortent et se déplacent tous ensemble entassés dans la même voiture. C'est également là qu'ils dorment lorsqu'ils partent en voyage. Ils se lavent et mangent très peu, quand ils le veulent. Les amis qui viennent à la maison ont pour habitude d'apporter leur nourriture tellement le réfrigérateur est vide ! Christian joue beaucoup avec son neveu Christophe (fils de Charles-Elie) qui a fait le choix de venir vivre avec ses grands-parents et ses oncle et tante. Il ne sortira seul pour la première fois qu'à l'âge de 20 ans ! Marqués par la peur, les Boltanski ont fait le choix de faire front tous ensemble, de s'unir pour faire face à tous les dangers de l’existence.
"Ma vie et mon œuvre ont été très marqués par la Shoah (...), et je crois que tous les survivants de la Shoah n'ont cessé de se poser la question : pourquoi j'ai survécu ?" Christian BOLTANSKI, entretiens publiés dans Télérama, janvier 2010