La Prose du Transsibérien et de la Petite Jehanne de France
Blaise CENDRARS (poésie) et Sonia DELAUNAY (peinture)
1913
Blaise CENDRARS (poésie) et Sonia DELAUNAY (peinture)
1913
Problématique : En quoi une œuvre simultanée peut-elle exprimer la modernité au début du XXème siècle ?
La Prose du Transsibérien et de la Petite Jehanne de France est un poème écrit par Blaise CENDRARS au début de l'année 1913. Celui-ci demande à son amie peintre Sonia DELAUNAY de le mettre en forme et en couleurs, ce que l'artiste fera au cours des mois suivant. Le projet du peintre fait voler en éclats la forme traditionnelle du livre en proposant un accordéon de papier sur lequel peinture et texte cohabitent et s'entremêlent pour former une nouvelle forme d'art. Le poème sera édité à la fin de l'année 1913 par Blaise CENDRARS lui-même, aidé de Sonia DELAUNAY qui reproduit sa peinture à l'aide de pochoirs. Une soixantaine d'exemplaire est réalisée mais le succès n'est pas au rendez-vous et la déclaration de la Première Guerre mondiale en 1914 met fin au tirage. Le poème ne réapparaîtra qu'en 1919 chez Gallimard mais avec une forme traditionnelle et sans son environnement visuel.
L'histoire :
Le poème raconte le périple du jeune Blaise (16 ans) qui voyage à bord du transsibérien, train qui traverse toute la Russie. Il fait le voyage de Moscou à Kharbin en compagnie de Jehanne, jeune prostituée, égrenant au fur et à mesure les noms des gares qu’ils traversent.
Blaise CENDRARS a lui-même effectué ce voyage vers 1905 et il intègre des éléments personnels à son récit qui mêle réalité et fiction.
Le poème raconte le périple du jeune Blaise (16 ans) qui voyage à bord du transsibérien, train qui traverse toute la Russie. Il fait le voyage de Moscou à Kharbin en compagnie de Jehanne, jeune prostituée, égrenant au fur et à mesure les noms des gares qu’ils traversent.
Blaise CENDRARS a lui-même effectué ce voyage vers 1905 et il intègre des éléments personnels à son récit qui mêle réalité et fiction.
Un poème à la forme particulière :
Dans la forme même du poème Blaise CENDRARS et Sonia DELAUNAY créent une rupture avec la poésie traditionnelle. En plus du texte et de son sens, du travail des mots effectué par le poète, Sonia DELAUNAY va donner un aspect visuel très fort à cette œuvre.
- Le format : le poème est imprimé sur papier avec un format vertical allongé (2m de hauteur). A la différence d'un poème imprimé dans un livre, ici poème et peinture sont visibles en un regard, pas besoin de tourner des pages.
- La composition : le poème est écrit sur la moitié droite du support, à l'exception du titre. En respectant notre sens de lecture occidental, on rentre donc dans l’œuvre par la peinture.
- La forme : ce poème est écrit en vers libres, c'est-à-dire sans rimes, sans versification classique et sans ponctuation. Blaise CENDRARS manifeste ainsi sa volonté de s'inscrire dans une forme moderne de poésie telle que l'avaient pratiquée Charles BAUDELAIRE, Guillaume APPOLINAIRE, LAUTRÉAMONT, ou Stéphane MALLARMÉ avant lui. Le texte sera imprimé avec une douzaine de typographies différentes alternant majuscules et minuscules, caractère gras et avec 4 couleurs de texte (vert, bleu, rouge et orangé).
- Le contenu : Ce texte est conçu comme une succession d'images et de sensations qui évoquent un voyage d'abord ancré dans la réalité puis de plus en plus onirique et merveilleux. Blaise CENDRARS réalise donc une sorte de "poésie-collage" qui correspond bien à une œuvre simultanée où tout est mis au même plan dans un va et vient entre réalité et rêve, présent et passé.
Dans la forme même du poème Blaise CENDRARS et Sonia DELAUNAY créent une rupture avec la poésie traditionnelle. En plus du texte et de son sens, du travail des mots effectué par le poète, Sonia DELAUNAY va donner un aspect visuel très fort à cette œuvre.
- Le format : le poème est imprimé sur papier avec un format vertical allongé (2m de hauteur). A la différence d'un poème imprimé dans un livre, ici poème et peinture sont visibles en un regard, pas besoin de tourner des pages.
- La composition : le poème est écrit sur la moitié droite du support, à l'exception du titre. En respectant notre sens de lecture occidental, on rentre donc dans l’œuvre par la peinture.
- La forme : ce poème est écrit en vers libres, c'est-à-dire sans rimes, sans versification classique et sans ponctuation. Blaise CENDRARS manifeste ainsi sa volonté de s'inscrire dans une forme moderne de poésie telle que l'avaient pratiquée Charles BAUDELAIRE, Guillaume APPOLINAIRE, LAUTRÉAMONT, ou Stéphane MALLARMÉ avant lui. Le texte sera imprimé avec une douzaine de typographies différentes alternant majuscules et minuscules, caractère gras et avec 4 couleurs de texte (vert, bleu, rouge et orangé).
- Le contenu : Ce texte est conçu comme une succession d'images et de sensations qui évoquent un voyage d'abord ancré dans la réalité puis de plus en plus onirique et merveilleux. Blaise CENDRARS réalise donc une sorte de "poésie-collage" qui correspond bien à une œuvre simultanée où tout est mis au même plan dans un va et vient entre réalité et rêve, présent et passé.
Une peinture abstraite et colorée :
Pour accompagner le poème de Blaise CENDRARS, Sonia DELAUNAY ne se contente pas d'illustrer de manière littérale le texte. L’œuvre que propose l'artiste est un entrelacs de formes géométriques (arcs de cercle, rectangles, triangles...) aux couleurs vives qui accompagnent et rythment la lecture du poème. Sortant de son espace sur le support, la couleur vient aussi s’immiscer dans les espaces vides laissés par le texte.
La matière est fluide, les bords des formes colorées sont floues et les couleurs se fondent parfois les unes dans les autres. L'aspect de la peinture peut évoquer les rêvent ou les souvenirs qui parfois se dissolvent ou la vision que l'on peut avoir d'un paysage lorsqu'on regarde par une fenêtre pendant un voyage.
Les seules formes figuratives de l’œuvre sont situées dans le bas de la peinture : on peut voir une forme simplifiée de la Tour Eiffel (en rouge) ainsi qu'un disque vert cerclé de orange qui représente la Grande Roue. Ces deux détails font d'ailleurs partie du dernier vers du poème :
"Paris
Ville de la Tour unique du grand Gibet et de la Roue"
Le style abstrait de Sonia DELAUNAY est conforme aux avant-gardes de ce début du XXe siècle notamment le cubisme de Georges BRAQUE et Pablo PICASSO. Mais Sonia et Robert DELAUNAY donnent une importance particulière aux couleurs et à la manière dont elles influent les unes sur les autres en étant placées à côté. Ce style sera baptisé ORPHISME ou SIMULTANÉISME par Guillaume APPOLINAIRE.
"J'eus l'idée à cette époque d'une peinture qui ne tiendra techniquement que de la couleur, des contrastes mais se développant durant le temps et se percevant simultanément d'un seul coup." Robert Delaunay.
Pour accompagner le poème de Blaise CENDRARS, Sonia DELAUNAY ne se contente pas d'illustrer de manière littérale le texte. L’œuvre que propose l'artiste est un entrelacs de formes géométriques (arcs de cercle, rectangles, triangles...) aux couleurs vives qui accompagnent et rythment la lecture du poème. Sortant de son espace sur le support, la couleur vient aussi s’immiscer dans les espaces vides laissés par le texte.
La matière est fluide, les bords des formes colorées sont floues et les couleurs se fondent parfois les unes dans les autres. L'aspect de la peinture peut évoquer les rêvent ou les souvenirs qui parfois se dissolvent ou la vision que l'on peut avoir d'un paysage lorsqu'on regarde par une fenêtre pendant un voyage.
Les seules formes figuratives de l’œuvre sont situées dans le bas de la peinture : on peut voir une forme simplifiée de la Tour Eiffel (en rouge) ainsi qu'un disque vert cerclé de orange qui représente la Grande Roue. Ces deux détails font d'ailleurs partie du dernier vers du poème :
"Paris
Ville de la Tour unique du grand Gibet et de la Roue"
Le style abstrait de Sonia DELAUNAY est conforme aux avant-gardes de ce début du XXe siècle notamment le cubisme de Georges BRAQUE et Pablo PICASSO. Mais Sonia et Robert DELAUNAY donnent une importance particulière aux couleurs et à la manière dont elles influent les unes sur les autres en étant placées à côté. Ce style sera baptisé ORPHISME ou SIMULTANÉISME par Guillaume APPOLINAIRE.
"J'eus l'idée à cette époque d'une peinture qui ne tiendra techniquement que de la couleur, des contrastes mais se développant durant le temps et se percevant simultanément d'un seul coup." Robert Delaunay.
Les liens texte / image :
Ce poème et la peinture qui l'accompagne entretiennent des liens étroits pensés par les deux artistes. L’œuvre a été conçue pour être vue, lue, perçue dans sa globalité, comme un ensemble homogène où les éléments, mots et formes, lettres et couleurs, sont égaux.
Ce poème et la peinture qui l'accompagne entretiennent des liens étroits pensés par les deux artistes. L’œuvre a été conçue pour être vue, lue, perçue dans sa globalité, comme un ensemble homogène où les éléments, mots et formes, lettres et couleurs, sont égaux.